Nathalie Avril
Coach et facilitatrice, spécialiste de la voix et de la prise de parole en public
Notre voix est précieuse, elle rend audible nos pensées pour nous permettre de créer du lien avec les autres. Elle exprime aussi nos émotions, nos sourires, nos joies, nos peines et parfois même elle les exprime alors que nous voudrions les cacher. Notre empreinte vocale est une carte d’identité personnelle et notre sésame pour une meilleure connaissance de soi. Pour tout•e orateur•trice expérimenté•e ou novice, la voix représente près de 40% de l’impact que nous produisons sur l’autre lorsque nous prenons la parole.
Depuis quelques semaines, plus que jamais nous prenons la parole dans des « conf call », des « visio » entre collègues ou des « apéro-zoom » entre ami•es. Je constate que nous parlons tou•tes plus fort et que les liaisons satellite créent parfois un léger décalage entre nos lèvres et le son de notre voix, voire nous restons figé•es à l’image et nous continuons à parler dans un vide quasi sidéral. Et demain dans l’entreprise, nous allons continuer avec ce genre de pratiques. Nous risquons même d’être contraint•es de prendre la parole avec un masque en réunion d’équipe ? Si tel était le cas, notre voix s’en trouverait fort dépourvue, comme empêchée de donner ses pleins potentiels, voilée pour la bonne cause certes, mais mise en sourdine nous obligeant à forcer sur nos cordes vocales. Au même titre que la fatigue visuelle nous assaille chaque soir après des heures passées devant nos écrans, la fatigue vocale nous guette si nous n’y prenons pas garde.
Comment préserver et prendre soin de nos précieuses cordes vocales ?
Intéressons-nous d’abord à notre environnement. Veillez à aérer la pièce dans laquelle vous travaillez, et si l’atmosphère est très sèche et que vous devez beaucoup parler au cours de la journée, faites donc sécher votre linge tout près de vous ou mettez régulièrement votre bouilloire en marche à vos côtés. Si cela ne suffit pas, prenez un thermos d’eau chaude avec vous, respirez bouche ouverte au-dessus régulièrement et surtout hydratez-vous et de préférence buvez de l’eau chaude. Si vous trouvez cela trop insipide, ajoutez-y une cuillère de miel, un jus de citron et/ou de la tisane de thym. Si vous sentez vraiment que vous êtes enroué•es, procurez-vous de la teinture mère d’Erysimum et adonnez-vous aux bons vieux gargarismes. Attention à la surconsommation de café et veillez aussi à ce que votre alimentation ne soit pas trop acide, car cela provoque de désagréables remontées gastriques et crée ainsi une irritation de vos cordes vocales (vous en souffrez peut-être déjà si vous vous « raclez » souvent la gorge).
Au-delà de ces conseils d’hygiène à respecter encore plus en ces temps de confinement, vos émotions peuvent également vous jouer des tours et faire irruption dans votre voix sans que vous ayez été prévenu•es. Si vous êtes ému•es ou stressé•es, votre voix risque de trembler, de partir dans les aigus ou dans les graves sans que vous puissiez y faire grand-chose. Elle va se mettre à « dérailler » sous le coup de l’émotion. Les émotions jaillissant souvent sans crier gare, vous devrez faire appel à votre arme secrète : la respiration pour retrouver vos esprits et un semblant de stabilité vocale. La respiration est d’ailleurs la clé de voûte de votre puissance vocale, mieux vous respirez, plus longtemps vous parlerez et sans vous fatiguer de surcroit. Avant chaque prise de parole, réunion ou appel téléphonique, prenez donc un temps de quelques minutes pour une séquence respiratoire.
Le mieux étant de faire la respiration « carrée » :
Inspiration sur 4 temps
Rétention poumons pleins sur 4 temps
Expiration sur 4 temps
Rétention poumons vides sur 4 temps.
Lorsque vous pratiquerez cette respiration, fermez vos yeux et tentez de visualiser une image précise qui vous apaise et vous fait du bien. (cette image peut être un paysage, un endroit précis que vous connaissez, un lieu de vacances où vous aimez vous retrouvez, peu importe) l’idée est de la rappeler à votre bon souvenir. Il constituera un ancrage apaisant auquel vous pourrez faire de nouveau appel quand un petit coup de stress se manifestera.
Le stress perçu dans votre voix peut donc être très impactant auprès de vos interlocuteurs, il est donc indispensable de vous préparer avant chacun de vos prises de parole même si vous avez l’habitude d’en faire et même si vous pensez que « vous êtes bon•nes dans l’impro » Cette phrases je l’ai entendu des dizaines de fois, elle fait parmi de nos croyances limitantes et peut nous faire rater nos prises de parole. Le secret d’une prise de parole réussie c’est justement la préparation. A la fois sur le fond et la forme. C’est ainsi que vous produirez le meilleur impact.
En face à face en distanciel, ou à plusieurs, écoutez bien les voix qui vous font face, et calez-vous sur leur niveau sonore, ni plus haut, ni plus bas, synchronisez-vous. Sauf si vous trouvez que tout le monde parle trop fort, mettez-vous à parler plus lentement et plus doucement et au bout d’un moment vous constaterez que ce sont les autres qui se synchroniseront sur vous.
La voix est une alliée précieuse quand vous avez des choses à dire. Elle dépend de plusieurs de vos organes (cordes vocales, appareil ORL, poumon, trachée, diaphragme), elle est soumise à vos émotions, et possiblement influençable par l’environnement. Elle peut donc parfois devenir votre plus grande ennemie quand vous manquez de confiance en vous et que ne vous êtes pas assez préparé•es.
Parce qu’elle va vous permettre de garder le lien avec vos collègues et votre famille, prenez-en donc le plus grand soin, la période des pollens peut également la mettre à mal en vous asséchant la gorge, hydratez-vous donc encore plus.Je rappelle pour la forme qu’évidemment cigarette et alcool ne font très bon ménage avec les cordes vocales sauf à vouloir ressembler à un vieux chanteur de blues. A bon entendeur salut.